Avant les Ponts : les Bacs
✪Il n’y a pas toujours eu de pont pour traverser les fleuves et les rivières. Les sites propices ou fréquentés étaient équipés de bacs. Voici l’historique et la typologie qu’en fait Patrimoine/Rhône-Alpes. Synthèse
Un bac est un grand bateau plat, de forme généralement rectangulaire.
•historique
"Les bacs sont très nombreux à la période médiévale : on en compte 35, du haut Moyen Age (Serves, Quirieu, et peut-être Valence, Donzère et Viviers pour cette période) à la fin du 15e siècle.
Pour le XVIII° siècle, les exemples datés sont nombreux, telles les trailles des Recteurs de Lyon (traille des Cordeliers, 1743) ; du Bât d´Argent, puis des Terreaux, 1745 ; de Puits Gaillot, 1763), de Givors et d'Ampuis (1791), de Pierre-Bénite (1793).
On possède de nombreux exemples datés d'implantations ou de réimplantations pour le XIX° siècle, les trailles d'Irigny, les Célettes en 1822, de Grigny-Ternay en 1831, de la Mouche nord (Guillotière) en 1835, de la Vitriolerie (Guillotière) en 1841, puis 1864, de Miribel et de Rillieux-la-Pape en 1848, de la Mouche sud (Guillotière) en 1849, d'Anthon en 1854, et de Vassieux-St.Clair (Caluire-et-Cuire, en 1856, de Collonges en 1857, de la Saulaie d'Oullins en 1867, de La Boucle (Lyon) en 1886.
Les derniers bacs sont établis sur le Rhône durant le deuxième quart du XX° siècle. Il s'agit alors presque essentiellement de réimplantations ou de remise en service de bacs consécutives à la destruction des ponts par faits de guerre en 1940 ou en 1944.
Aujourd'hui, bien qu'aucun de ces bacs ne soit plus en usage, quelques rares sites (au nombre de 16) possèdent encore des vestiges matériels, qui, comme les cartes postales anciennes, nous en garde le souvenir. Il s'agit essentiellement de restes de bac à traille, type de bac le plus récent et le plus prégnant : 10 sites, dont 1 conserve aussi la maison du gardien de la traille (Quirieu), possèdent encore une, voire les deux piles, soutenant le câble de traille." Reportez-vous à la page citée pour en avoir les détails.
•"Cogoluènhe distingue trois types de bacs :
-ceux à propulsion humaine,
-ceux à propulsion hydrodynamique et
-ceux à propulsion mécanique."
"Les bacs à propulsion humaine utilisent des embarcations en bois manoeuvrées à bras d'homme (un ou deux rameurs) par de longues perches permettant de prendre appui au fond du fleuve, puis à rames ou à la godille.
La traille traversière est un procédé, plus satisfaisant, en usage au moins depuis le 15e siècle, qui s'imposa sur le Rhône. Il consiste à tendre un câble, la traille à proprement parler - corde de chanvre à l'origine, puis câble torsadé en fil de fer, détendu par un treuil -, en travers du fleuve. Ce câble était maintenu par des anneaux ou par des mâts ou pieux en bois étayés, devenus des piles en charpente de bois, dites chèvres.
dessin issu du site < http://uniondesecrivainsra.blogspot.fr/2013/03/le-quartier-de-la-saulaie-oullins-et.html> avec un poème sur le bac à traille d'Oullins
Ces piliers, implantés sur les rives du fleuve, pouvaient atteindre 12 à 15 m de hauteur. Le bateau assurant la liaison entre les deux rives, généralement une plate dans le cas d'une traille (bateau en bois à fond plat, de forme rectangulaire et de grandes dimensions, inventé au 16e siècle), est relié au câble de traille par un traillon, corde ou chaîne, par l'intermédiaire d'une "grenouille" qui maintient deux poulies à gorge. De l'autre côté, c'est une boucle qui s'amarre au plat-bord du bac. Le passeur pouvait s'aider en tirant sur la corde ou en usant d'une grande rame, dite empeinte, lui servant de gouvernail, ou d'un "arpi", perche à pointe et crochet."
vestiges du bac à traille de Grigny (disparu) : une pile ⓒcollection Patrimoine Rhône-Alpes
"L'embarquement et le débarquement de piétons étaient rendus possibles par de simples escaliers en bois ou en pierre, ou un ponton flottant.
La propulsion mécanique apparaît dans le premier tiers du 19e siècle, grâce à l'invention de la chaudière tubulaire (1827 = Marc Seguin). La vapeur assura quelques traversées fluviales."
"Selon Cogoluènhe, c'est sur le tiers médian du Rhône, d'Irigny à Rochemaure, que l'on pouvait observer la plus forte densité de points de traversée (hormis la ville de Lyon) ; la distance moyenne entre deux bacs n'y dépassait pas une lieue, soit environ 4 km" (idem, p. 44). (Sources : COGOLUENHE, Henri. Histoire des bacs pour traverser le Rhône. Recherches historiques et sociologiques. Thèse de doctorat, Institut de Recherche et d'Enseignement Philosophiques, Département Sociologie. Lyon : Facultés catholiques de Lyon, 1980. 3 volumeslivre 1, p. 7 à 21 et Ladet, p. 49-50).
les clichés n/b sont issus de la collection des Archives Municipales de Lyon
Ce sont donc les bacs sur le Rhône qui ont servi Lyon dont il va être question au fil des prochains billets… Abonnez-vous !