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Lyon, Bèchevelin & Cie
28 mars 2020

Les Polonais à Bron Pendant la II°GM (suite)

✪L'histoire lyonnaise participe de l'histoire de l'aviation internationale, c'est pourquoi le blog a plusieurs billets sur ce thème (tapez "aviation" dans le moteur de recherche interne). Aujourd'hui voici en 3 volets, un aspect assez méconnu de l'histoire de la II°Guerre Mondiale.

Paul Mathevet est un des grands spécialistes de l'aviation, il nous laisse publier deux articles afin de complèter l'article du Progrès :

Des Aviateurs polonais dans la Région Rhône-Alpes en 1939/45

Au début de l'année 1919, la Pologne demande aux autorités françaises de l'aide pour la création de la nouvelle aviation polonaise. Le Commandant de Chivré, originaire du département de la Drôme dans la région Rhône-Alpes, détaché de l'Aéronautique Militaire Française, devient le conseiller technique de cette nouvelle aviation polonaise.

Le 1er septembre 1939 à 4 h 45, une attaque aérienne allemande allait marquer le début d'une guerre non déclarée contre la Pologne. Les alliés de la Pologne, à savoir la France et la Grande-Bretagne, respectent leurs engagements et déclarent la guerre à l'Allemagne, le 3 septembre. Le 17 septembre, sous de faux prétextes, l'armée russe envahit la Pologne. La Seconde Guerre-Mondiale venait de débuter.

Au début du conflit, la Force aérienne polonaise comprenait : 1 181 pilotes, 497 observateurs, 219 mitrailleurs d'active et 8 500 réservistes. Son ordre de bataille était composée de 158 chasseurs P 7 et P 11, de 114 bombardiers/reconnaissance Karas, de 36 bombardiers moyens PZL, de 120 monoplans d'observation et de 12 avions de transport Fokker.

De son côté, la Luftwaffe, l'armée de l'air allemande, mettait en œuvre sur le front polonais : 718 bombardiers multi-moteurs, 307 bombardiers en piqué, 523 avions de chasse, 400 avions de reconnaissance et un grand nombre d'avions de transport Junkers 52.

Malgré une résistance acharnée, les troupes polonaises se rendent, le 6 octobre. Les pertes de la Force aérienne polonaise s'élèvent à 333 avions, alors que celles de la Luftwaffe sont de 415 appareils..

A l'issue des combats, ce sont 10 500 aviateurs et 2 100 personnels de l'industrie aéronautique polonaise qui rejoignent la Roumanie. 90% d'entre eux, échappent aux camps d'internement et rejoignent l'Europe occidentale à la fin d'octobre 1939. À la conférence anglo-franco-polonaise du 25 octobre 1939, il est décidé qu'une partie des aviateurs polonais doit rester en France, et l'autre, qui comprend 300 personnels navigants et 2 000 spécialistes est dirigée vers la Grande-Bretagne.

Ce sont donc environ 3 000 aviateurs polonais qui seront accueillis sur la base aérienne de Bron. Une décision ministérielle du 16 novembre précise l'organisation du Dépôt d'Instruction de l'Aviation Polonaise (DIAP) de Bron. Un encadrement français et polonais assure, à compter du 15 décembre, la direction de ce dépôt. Le Colonel Stefan Palikowski prend le commandent. Le Colonel Hug, de l'Armée de l'Air, assure le commandement de la base-mixte de Bron, il est secondé par le Capitaine Pierre Rougevin-Baville qui dirige l'escadrille de chasse, du Capitaine Levrey qui prend en main l'escadrille de reconnaissance, des Commandant de Chivré et le Sous-Lieutenant Yrle qui s'occupent des affaires administratives.

Les militaires du rang et les sous-officiers sont hébergés au Fort de Bron ou dans les locaux de la Foire de Lyon (ces locaux ne sont pas adaptés pour servir de chambrées : absence de sanitaires et chauffage défaillant), alors que les officiers logent chez l'habitant ou à l'hôtel en ville. L'hiver 39/40 est froid. Aux conditions d'hébergement précaires, aux difficultés de la langue s'ajoutent le désœuvrement dans l'attente d'une hypothétique affectation, et sans solde, les aviateurs ne peuvent consommer dans les cafés lyonnais, alors que les officiers fréquentent les restaurants de la ville, il s'ensuit une vive tension entretenue par la cinquième colonne allemande.

Les aviateurs qui sont encadrés par leurs officiers sont triés en fonction de leurs états de service antérieurs afin d'être dirigés vers une nouvelle affectation. L'homme qui procède à cette sélection est le Colonel Palikowski, un officier jeune et distingué, qui exige de ses hommes une tenue impeccable. Une première sélection de 19 pilotes de chasse est dirigée vers la base-école de Montpellier où le premier vol d'un pilote polonais a lieu le 20 janvier 1940.

Capture d’écran 2020-02-17 à 15

Le 27 mars à Bron, en présence du Général Sikorski et du Général Denain, chef de la mission militaire franco-polonaise, présentation de 18 Morane 406 des patrouilles françaises face aux 18 Morane 406 polonais.

Capture d’écran 2020-02-17 à 15

Le 6 avril est créé à Bron, le groupe de chasse 1/145, dit de Varsovie, sur Morane 406, puis sur Bloch MB-152, qui prendra part à la défense aérienne de la région lyonnaise avant d'être transféré sur le terrain de Villacoublay. Le 19 avril à Bron, on déplore la mort à l'entraînement du Sous-Lieutenant Dobrzynski sur Caudron C 714. Le 10 mai, lors du bombardement de la base aérienne de Bron par l'aviation allemande, on déplore le décès de huit aviateurs polonais. Le 22 mai, le Groupe de Marche polonais avec vingt-quatre pilotes participe aux combats aériens du 1er et 2 juin au-dessus de la région lyonnaise. Une victoire sera attribuée au Sous-lieutenant Gabszewicz en participation avec des pilotes français, mais le Sous-lieutenant Raymond Kalpas trouvera la mort en combat aérien, le 1er juin, aux environs de Vienne. Le 2 juin, lors du nouveau bombardement Capture d’écran 2020-02-17 à 15de la base de Bron, trois aviateurs polonais sont tués.


Début mai 1940, il y avait en France, 6 863 aviateurs polonais (1 449 officiers, 2 836 sous-officiers et 2 578 hommes de troupe) et 2 246 en Grande-Bretagne. Au cours des événements de mai et juin 1940, 136 pilotes polonais abattent 51 avions ennemis et 11 pilotes trouvent la mort.
Le 17 juin, devant l'avance des troupes allemandes, les éléments polonais de la région lyonnaise sont repliés vers le Sud de la France. Ils embarquent à Port Vendres pour rejoindre l'Algérie, puis ultérieurement la Grande-Bretagne, où ils prendront une part active dans la Bataille d'Angleterre au cours de l'été de 1940.

 

Deux pilotes polonais se sont illustrés dans le ciel de Rhône-Alpes au cours de la Seconde Guerre Mondiale :
*le 1er juin 1940, le Sous-Lieutenant Raymond Kalpas a trouvé la mort en combat aérien sur son Morane 406 qui a été abattu sur la commune de Chons l'Amballan, près de Vienne (Isère).

Capture d’écran 2020-02-17 à 15

Kalpas Rajmund, est né le 20 janvier 1918 dans la région de Kokand, province de Turkestan en Ouzbekistan, de père Azerbaïdjanais et de mère Polonaise, car ce nom est peu commun en Pologne. Trois frères : Ryszard tué à Katyn en avril/mai 1940 et Roland, capitaine et pilote dans la Force aérienne polonaise, et deux sœurs. Rajmund Kalpas est breveté pilote à l'École de Pilotage de Deblin (Promotion n°121). Il est promu sous-lieutenant le 31 août 1939. Au cours de la campagne de 1939, il est pilote à la 113ème Escadre de chasse basée à Okecie, puis il est affecté à la défense de Varsovie. Le 4 septembre, il abat un Do 17 à Babic dans la région de Varsovie, et le 5 septembre, il abat un Ju 87, en participation avec Borowski et Radowski, dans le secteur de Okecie. Il est titulaire de la Croix de Guerre polonaise. Le 18 septembre 1939, il franchit la frontière polono-roumaine, puis arrive à Bron.

*le 30 avril 1944, le Major Waclaw 'Mike' Sobanski participe à une reconnaissance armée lors du bombardement de l'aéroport de Bron, au cours de laquelle il abat un avion ennemi avec la participation de ses équipiers. Sobanski Waclaw, est né le 29 juillet 1919 dans une famille de Varsovie. Il est blessé en 1939 alors qu'il combat dans l'infanterie contre l'ennemi allemand. Originaire d'une région annexée par l'occupant, il obtient un visa pour l'étranger, et arrive aux USA au cours de l'été 1940. Il part au Canada pour s'engager dans la RAF, mais il ne réussit pas aux examens. Très courageux, il réussit néanmoins à suivre un entraînement au pilotage, et mai 1942, il est incorporé au 132, puis 164th squadron de la RAF. Mais étant devenu citoyen américain, il est transféré à la 8th Air force pour être affecté au 334th squadron du 4th Fighter Group à la mi-avril 1944. Il trouve la mort le 6 juin1944, à sa seconde mission lors du débarquement en Normandie. Le major Waclaw Sobanski était crédité de 51 missions de guerre.

 

Des Aviateurs polonais dans d'autres événements en Région Rhône-Alpes :

*16 septembre 1943, à 9 kilomètres au sud-ouest de Saint-Étienne, le long de la route nationale N88, au nord de Firminy, sur DZ Teresa, dans le cadre de l'opération Monika, parachutage à partir d'un Halifax du Squadron 138 de la Royal Air Force piloté par W/Cdr Speare ; arrivée du radio Andrzej Tecza, pseudo André Lejeune, alias Jedrek Muster. (dans cette région de Firminy, il existait un important noyau de la Résistance Polonaise formé à partir de mineurs de fond de la région stéphanoise).

*10 février 1944, à Beaulieu, proche de Roche La Molière, à 6 kilomètres au Sud-Ouest de Saint-Étienne, pour le compte de POWN Monica, organisation polonaise d'action armée, arrivées par le train depuis Perpignan : Lieutenant Tadeusz Werla pseudo Tadeuz Skarp alias Lysy et du radio Zygmunt Nowak alias Selim (ces deux personnes n'ont pas été parachutées, mais sont arrivées via Gibraltar, passage de la frontière espagnole à pieds, puis train à Perpignan).

*27 Juillet 1945, vers 19 heures, lors d’un orage violent, un bimoteur s’écrase sur la commune de Chonas l’Amballan, près De Vienne (Isère). Il s’agit d’un Vickers Warwick CIII du Squadron polonais 301 de la Royal Air Force qui a décollé de la base de North Weald en Angleterre pour une mission de liaison vers la Grèce. L’équipage se compose : du pilote, F/L Ratajczak + radio, W/O Bak + navigateur Sgt. Mikolajszak et du mécanicien Sgt. Kocon. Ces cinq membres d’équipage qui ont trouvé la mort dans cet accident sont actuellement inhumés au cimetière britannique de Mazargues dans la banlieue de Marseille.

 

si vous avez des témoignages sur cette période ou sur l'aviation,
écrivez-nous !

 

 

 

 

 

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